Avant 1967, la Ferme Prémol et un avion qui atterit

Avant 1967, la Ferme Prémol et un avion qui atterit
Avant 1967, la Ferme Prémol au milieu des champs et... un avion qui atterrit

8 mars 2008

Kogan, Gervasutti, Dodero et Gaspard, des noms d'alpinistes

Les rues du Village Olympique portent le nom d’alpinistes et de résistants. Vous trouverez ci-dessous une petite note biographique concernant quatre alpinistes : Claude Kogan, Giusto Gervasutti, Maurice Dodero et Pierre Gaspard. Petite Bibliographie en fin de chapître. En attendant, honneur aux dames !


Claude Kogan

1919-1959

Si elle n’avait pas sa rue au Village Olympique, même moi, je l’aurai oubliée… alors qu’elle m’a fait rêver pendant toute mon adolescence. Claude Kogan était née en 1919 à Paris et elle était couturière et... alpiniste. Elle a réalisé avec son mari Georges Kogan, de grandes courses dans les Alpes et au Pérou. Dès 1949 on la voit grimper en tête de cordée. Le premier sommet conquis par des femmes est le Quitaraju (6100 mètres) qu’elle atteint en 1951 avec Nicole Leininger, dans les Andes. Son mari décède brutalement mais elle continue les expéditions. Elle les finance elle-même par son travail de chef d’entreprise : les Andes, le Caucase, le Groenland, l’Himalaya, enfin, où en 1955 elle est « la plus haute femme du monde » à 7700 mètres … En 1959 elle retourne au Népal avec une équipe internationale, uniquement composée de femmes. Il s’agit d’escalader le Cho Oyu (8153 mètres ), tout près de l’Everest. Alors qu’elle tente l’assaut final avec Claudine Van der Straten, elles disparaissent dans une avalanche, 500 mètres avant le sommet. Claude Kogan avait 40 ans. Moi, je rêve toujours...


Giusto Gervasutti

1909-1946

Si vous avez des chaussures de montagne achetées avant la prolifération des grandes surfaces d'articles de sport, il y a beaucoup de chance pour que sur les semelles soit écrit "Vibram". Le créateur de ces semelles révolutionnaires, était un alpiniste italien nommé Vital Bramini et en 1937, Giusto Gervasutti, est un des premiers à les adopter: elles remplacent avantageusement les espadrilles, les semelles cloutées, voir les pieds nus dans les passages difficiles…
Giusto Gervasutti naît en 1909, dans la plaine du Frioul
en Italie, rien ne le destine à l'Alpinisme. Mais, enfant, il passe ses vacances dans les Alpes où il est impressionné par les torrents, les forêts, l'équilibre précaire des roches ainsi que par les récits fantastiques qu'il entend de la bouche d'un bûcheron. Plus tard, dira-t-il, c'est le plaisir de sentir son corps vaincre la pente qui le fascinera, mais aussi au loin, de hautes tours de calcaire, apparemment inaccessibles: les Dolomites.
A 18 ans, il est dans les Dolomites pour ses premières escalades, 3 ans plus tard il s'installe à Turin et en parallèle avec des études de droit et de sciences politiques, il réussi dans les Dolomites, puis dans le massif du Mont-Blanc les ascensions les plus difficiles de l'époque.
Sa première grande conquête sera, en 1934, avec le Français Lucien Devies, la muraille Nord-Ouest de l'Olan, en Oisans. Ils feront ensemble bien d'autres courses et quelques premières à tel point que le Club Alpin Italien s'en offusque, Gervasutti répond qu'il ne fait pas de la montagne pour la patrie, mais pour lui…
La guerre arrive et les deux compagnons ne peuvent plus grimper ensemble… Avec un autre Italien, Gagliardionne, Gervasutti réalise la première de la face Est des grandes Jorasses en 1942.
Le 16 septembre 1946, ils sont pris par le mauvais temps au Mont Blanc du Tacul, au cours de la descente Gervasutti laisse échapper un brin de corde et il tombe…
En 1947 paraît "
Montagnes, ma vie" de Giusto Gervasutti. Ce livre a été réédité en 1997 sous le titre de "Ascensions dans les Alpes". L'auteur y fait part de son désir, face à l'émotion que lui procure la montagne, de ne pas rester seulement un poète mais d'y agir. Il termine en racontant quelques erreurs de jeunesse, qui, à l'époque, avaient failli lui être fatales et dont la montagne, elle, n'avait pas semblé s'apercevoir...


Maurice DODERO

1898-1959

"La sécurité sera donc toujours dans la multiplicité des points d'assurance, dans une technique prudente et raisonnée, mais qu'il sera d'autant plus facile d'appliquer que l'on aura éliminé un facteur d'une terrible importance : la rupture de la corde", c'est ce qu'écrit en 1951, Maurice Dodero, alpiniste mais aussi docteur ès sciences dont les compétences en électrochimie et électrométallurgie sont reconnues jusqu'en Allemagne. Il vient de mettre au point une norme de solidité pour les cordes d'escalade.
Maurice Dodero a trois passions : sa famille, la science et la montagne et il sait les faire cohabiter avec profit.
Brillant Alpiniste il a gravit dès sa jeunesse, la presque totalité des sommets de l'Oisans en réalisant plusieurs premières.
L'été il part avec femme et enfants
(deux fillettes encore bébés) passer l'été à plus de 2000 mètres d'altitude en tant qu'architecte et directeur des travaux de refuges de l'Oisans et de Belledonne (Adèle Planchard en 1926-1927- voir http://club.ffme.fr/std/histo_pl.htm - et Jean Collet en 1929 par exemple).
En 1938 il reçoit un prix pour une thèse sur l'électrolyse.
Dès 1950, il est vice-président de la Fédération Française de la Montagne.
Il apporte aux autres alpinistes son esprit scientifique et ses qualités de chercheur, toujours au service d'une plus grande sécurité en montagne. C'est lui qui entreprend des démarches pour que la Station Météorologique de Bron communique chaque matin des prévisions météorologique pour les Alpes du Nord, par voie d'affichage, de radio, mais aussi, déjà, par téléphone. Pour qui a connu les dangers que recèle, même en été, la montagne par mauvais temps, ce n'est pas un mince progrès !
Une autre de ses préoccupations vient de la fragilité du matériel d'escalade de l'époque et notamment des cordes en chanvre qui, parfois, cassent net sans prévenir. Il conduit de nombreuses expériences pour mettre au point un appareil permettant de tester leur solidité, expériences qui ont par la suite permis de mettre au point les cordes d'escalades en Nylon modernes… Tous ceux qui, un jour ou l'autre se sont retrouvé
suspendus à une corde (en montagne ou sur un chantier) peuvent avoir une pensée émue pour lui !
Il y a sûrement beaucoup d'autres choses à dire sur l'œuvre de ce Grenoblois
(il était aussi enseignant) car il semble avoir mis opiniâtreté et passion dans tout ce qu'il entreprenait. Très fatigué, affecté par le décès de son épouse, il décédera en septembre 1959 à l'âge de 61 ans.
S'il nous a été difficile de trouver des documents sur cette personnalité qui a marqué, de façon à la fois discrète et solide les pratiques montagnardes, il ne faut pas oublier que les progrès techniques qu'il a initiés servent aujourd'hui non seulement aux alpinistes mais aussi à tous ceux qui travaillent sur des chantiers, en montagne ou ailleurs…


Pierre Gaspard

1834-1915

La Meije, la déesse Meije, apparaît dans toute sa splendeur à quiconque, un jour de beau temps se retrouve sur la route du col du Lautaret, aux alentours de La Grave et alors, je le défie d'oublier sa face Nord, flèche de roc émergeant des glaciers à 3983 m d'altitude.

Pierre Gaspard, dit "le Père Gaspard", ou encore "Gaspard de la Meije", naît le 27 mars 1834 à St Christophe en Oisans. Son père était berger provençal, lui-même est paysan, chasseur de chamois réputé parmi ses concitoyens.
C'est en 1873 qu'il fait sa première course comme guide avec des "clients", il a près de 40 ans. C'est le début de l'alpinisme en Haut‑Dauphiné, de nombreux touristes arrivent des pays anglo-saxons (Coolidge, Whymper,…), de Suisse, d'Autriche ou des villes comme Henry Duhamel. L'Oisans c'est l'Himalaya de l'époque.
En 1876, Pierre Gaspard est le guide de Henry Duhamel, mais aussi d'un jeune homme de bonne famille, nommé Emmanuel Boileau de Castelnau.
Le 20 juillet 1877, avec Boileau de Castelnau, vêtu, comme les alpinistes de l'époque, de bandes molletières, d'habits de drap et de chaussures à clous, il est le premier au sommet du Dôme de neige des Ecrins (4015 m).
Le 16 août 1877, toujours avec Boileau de Castelnau, et le même équipement, il accomplit l'exploit : il conquiert la Meije, par les dalles verticales et les corniches diaboliques de la face sud. La montée a été si longue qu'ils doivent bivouaquer avant de pouvoir redescendre.
Sa renommée est immense, tous les grands noms de l'alpinisme se disputent ses services et il effectuera encore trente premières, notamment la face nord du Pelvoux en 1891…
Il est admiré pour son courage, son obstination, son flegme, sa prudence, mais aussi son humour et… son amour pour la beauté sauvage de la montagne, ce qui n'est pas si fréquent à l'époque! Il est aussi un guérisseur réputé qui intervient toujours gratuitement.
Il forme des guides, notamment ses fils
(il a eu 15 enfants) qui deviendront de grands guides: Maximin, Casimir, Joseph, Dévouassoud. Il monte pour la cinquantième fois environ, à la Meije à 77 ans! Il effectue sa dernière course à 80 ans.
Le 18 janvier 1915 il meurt de vieillesse à St Christophe en Oisans. Sur sa tombe on a mis une roche taillée en forme de Meije, la déesse. Il est le parrain d'un sommet près de la Bérarde, le Pic Gaspard, mais aussi d'une petite place au Village Olympique..








Bibliographie:

- L'Oisans aux 6 vallées. Gabrielle Sentis

- Bavard comme un sentier (balades et rencontres en Belledonne et en Oisans). Jean Pierre Copin

- Les Alpinistes célèbres aux éditions Mazenod

- Gaspard de la Meije, Roger Canac

- Article rédigé par Maurice Dodero pour la revue du Club Alpin Français "la Montagne et L'Alpinisme" en 1951.

- In mémoriam : Maurice Dodero, rédigé par Vincent Deshormières pour la revue du Club Alpin Français "la Montagne et L'Alpinisme d'avril 1960.

- Maurice Dodero, article rédigé par l'école mixte n°2 du Village Olympique dans "Ami Coop", magazine des coopératives scolaires de novembre 1979… Qui se souvient avoir participé à ce travail ?

- Vertical n° 100: 100 ans d'escalade et d'alpinisme

- Les alpinistes célèbres, éditions Mazenod, article de Lucien Devies.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ce n'est pas Emile mais Emmanuel Boileau de Castelnau
Merci


Ce blog a été créé en mars 2008. Depuis les visites et les articles (260) s'accumulent dans un ordre antichronologique, c'est à dire que le dernier article est le 1er visible... Pour mémoire le 1er article concernait la visite de la Tour Prémol construite en 1350 avec une conservatrice du patrimoine spécialiste du Moyen-Age.
Pour naviguer plus confortablement et trouver les articles qui vous intéressent nous vous conseillons
- d'utiliser la fonction rechercher dans ce blog
- de regarder dans la colonne de droite
la liste des articles (cliquez sur le petit triangle devant le mois ou l'année pour avoir tous les articles du mois),
- d'utiliser l'index des thèmes traités (toujours colonne de droite, cliquez sur le mot ou "libellé", par exemple "aéroport", et vous aurez tous les articles sur ce sujet par ordre antichronologique, et quand vous voulez voir les articles les plus anciens, regardez en bas à droite : il faut cliquer)
Il y a aussi , toujours dans la colonne de droite, une bibliographie, des liens externes,
etc.
Dans la colonne de gauche, il suffit de cliquer sur les photos pour les agrandir et voir les détails. Bonne promenade !

Il nous arrive de commettre des approximations, voir des erreurs. Nous en corrigeons spontanément quelques unes.
D'autres ne vous ont pas échappé, dites-le-nous ! Nous sommes ravis aussi de pouvoir compléter d'anciens articles avec des liens que l'on nous a signalés après coup ou des images de meilleure qualité...
Outre les documents nous recherchons aussi des témoignages, des anecdotes, etc.
La charte patrimoniale qui concerne notre quartier est accessible sur le site de la Ville de Grenoble... Elle a été le point de départ de ce blog. Nous y sommes très attachés.