Il fait la guerre de 14 comme sergent dans la première compagnie de skieurs dans les Vosges. Il en ramènera trois blessures et quelques décorations. Il reprend son métier de guide dans l’Oisans. Il doit aussi faire de la transhumance puisque c’est ainsi qu’il rencontre son épouse… Une fille du Massif de Belledonne qui porte un joli prénom : Malvina.
A partir de 1923, il sera gardien de refuge pendant 29 ans dans le massif de Belledonne. On l’appellera familièrement « le Père Turc ».
L’été, il est au chalet de La Pra à 2110 m. C’est encore aujourd’hui, le passage obligé pour qui veut gravir les sommets de Belledonne : la Croix de Belledonne, le Grand Pic, la Grande Lance de Domène, etc. Encore aujourd’hui c’est à 2h30 de marche du premier parking.
L’hiver, il gère le chalet du Club Alpin Français au Recoin de Chamrousse, un peu plus bas à 1620m. Il n’y a pas encore de téléphériques mais de nombreux skieurs qui montent parfois à pied depuis la gare du tram à Uriage… La route n’arrivera à Chamrousse que vers 1948.
Son travail c’est de recevoir les alpinistes et les touristes. Avec sa femme, il fait donc la cuisine, l’entretien, la gestion du ravitaillement (à dos d’hommes ou de mulets)… Certains l’appelaient « l’hôtelier des cimes ». Il n’aimait pas qu’on le traite « d’aubergiste ». A La Pra le vin est acheté un an à l’avance pour pouvoir s’améliorer… On monte les pommes de terre à l’automne et elles passent l’hiver en haut… 30 cordées sont là chaque dimanche, ce qui équivaut à environ 60 à 80 personnes.
Le rôle du gardien de refuge c’est, aussi, de conseiller les alpinistes en ce qui concerne les itinéraires, la météo, de s’inquiéter de leurs projets et de guetter leur retour… A La Pra, il y a le téléphone dès 1939, au moins... Et c’est le « Père Turc » qui fait les sauvetages lorsqu’il y a un accident. 30 ou 38 avant 1936. Les morts et les blessés sont redescendus quelques fois à dos d’homme. Pour cela Christophe Turc sera nommé Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur en 1936.
Le 16 janvier 1952, il meurt brutalement en rechargeant son poêle dans le Chalet du Recoin de Chamrousse. Il y a 20 cm de neige poudreuse dehors. Son cercueil est amené en traineau jusqu’à la route. Plus de 500 personnes assistent à son enterrement et le Dauphiné Libéré titre : « Mort de Christophe Turc, chardon de l’Oisans au cœur d’or ».
Chalet-hôtel du Recoin (1 620 m ; CAF ; pour skieurs ; fermé l'été ; ouvert dès la neige d'automne ; gérant Christophe Turc, à Saint-Martin-d'Uriage, téléph. : tarifs ; 41 pl. dont 5 lits et 6 couchettes). - Ce chalet-hôtel est situé dans un haut vallon de pâturages, auprès des derniers arbres, au pied de Chamrousse. En hiver il est entouré de magnifiques champs de neige propices au ski. "
Chalet-hôtel de la Pra (2 110m).- Le chalet-hôtel est situé au fond d'un cirque rocheux et dénudé, sur une terrasse abrupte, dans une situation très abritée, au-dessus de la limite des forêts et au milieu d'un paysage sauvage.Le chalet-hôtel (CAF) est géré (fin juin-fin sept.) par Christophe Turc, guide de 1re classe, téléph. 8 à Domène ; (7 ch., 12 lits, dortoir, repos, provisions, taxe d'entrée, tarifs du C.A.F.) Photo ci dessous.Mille mercis à Thierry Turc pour m’avoir, si gentiment, prêté les documents qui m’ont permis de rédiger cet article et notamment les photos.